- Mais, quelle permission ais-je à vous demander ? Je suis votre roi, c'est à vous de me demander la permission de me dire de vous la demander.

A sa grande surprise, Eileen se rendit compte que Garren riait de la situation alors qu'elle n'avait rien de drôle. Elle dévia donc son regard vers lui et aperçut son visage plein de malice. Qu'est ce qui lui prenait à changer d'attitude comme cela ? Il n'avait jamais aimé qu'on le traite tel un roi et, voilà que, maintenant, il voulait qu'elle le fasse. La mercenaire l'observa alors se rapprocher d'elle et s'asseoir encore une fois à ses côtés. Il prit un bout de la couverture, ce qui eu pour effet de faire entrer le froid et de lui provoquer un léger frisson.

La mercenaire restait impassible et le regarder d'un air dur et froid en gardant son calme. Garren tira alors sur la couverture et elle serra le poing. N'avait il pas remarqué qu'il l'embêtait ?

- Je suis certes désolé pour ce qu'il s'est passé lorsque vous vous êtes allongée mais, j'avoue ne pas le regretter pour autant. Vous pouvez être une couche très confortable quand vous voulez. Et vous remarquerez que, ici ... Il n'y a que la roche nue.

Au contact de son bras sur ses épaule, Eileen essaya de se dégager en glissant par dessous encore une fois et en délaissant la couverture pour laisser une certaine distance entre lui et elle.

- Vous a-t-on toujours demandé la permission ?

A cette question, Eileen le regarda un long moment, méfiante. Quelle était encore cette question ? Il était très curieux depuis qu'ils s'étaient rencontrés mais cette question était la plus tordue de toute celles qu'il lui avait posé. La jeune femme reposa alors son regard sur le feu et approcha ses mains de la chaleur qu'il dégageait. Elle répondit d'une voix sèche et froide.

Bien sûr que oui. Et vous devriez en faire autant avant que je vous en fasse payer les conséquences. Votre statut de roi ne change rien, si vous croyez que vous allez avoir obéissance et permission grâce à votre statut, vous vous trompez de personne.

Le poignet tordu, cela n'était pas sans faire naître une légère satisfaction chez Eileen. Cependant, quand elle le vit reprendre son épée, elle eut un petit réflexe de recul. Mais celui ci était inutile. En effet, à sa grande surprise, Garren venait de remettre son épée dans son fourreau. Pourquoi faisait il cela ? Avait-il abandonner ? Cela était une bonne nouvelle en ce cas.

- Je ne cesserai que lorsque vous vous y résignerez, c'est clair ?

Malheureusement, ce n'était pas la réalité des choses. Il ne compter pas abandonner. Il avait beaucoup de volonté et de résistance. Eileen ne comprenait pas cette telle envie. Garren finit par s'avancer vers elle, beaucoup trop détendu à son goût. Elle avait un engagement, et il savait qu'elle devait le tenir alors, sûrement devait il profiter de la situation. Au contact de ses mains sur ses épaules Eileen leva ses grands yeux noirs et froids vers lui.

Pourquoi me tenir tête de cette façon ? Ce n'est pas comme si je voulais vous tuer. Je veux juste revivre ce qui n'est aujourd'hui plus qu'un souvenir, n'avez-vous jamais eu de souvenir que vous auriez voulu revivre un jour ? Et votre détermination, ou plutôt votre entêtement m'énerve dans la mesure où vous vous bornez à ne pas vouloir comprendre.

A la suite de ces paroles, il l'enlaça comme si rien ne s'était passé et sa voix était si douce qu'elle en devenait même étrange. Malgré cela, Eileen ne se débattit pas et resta là, statique, prenant sur elle. Sa voix se fit aussi tranchante que l'instant précédent.

Parce que je refuse de me soumettre à qui que ce soit, je n'ai pas à me soumettre à vous. Et j'ai, en effet, des souvenirs que je veux revivre mais d'autres dont je n'ai pas envie. En quoi dois-je comprendre ? Il n'y a strictement rien à comprendre. Vos actions sur moi dépendent de mes permissions, et c'est tout. Je n'ai pas besoin de me justifier.

Eileen restait là, dans ses bras, ayant reprit tout son souffle. Elle ne cherchait pas à partir et était plutôt calme.

J'ai peut être un engagement envers vous mais il ne m'empêche pas de vous blesser sans, cependant, vous tuer. Alors, n'en profitez pas. Quant à ma résignation, vous pouvez l'attendre encore longtemps, vous ne l'aurez jamais.

Le rire de Garren n'eut pour conséquence que de durcir encore plus le visage de la mercenaire qui sentit sa main lui caresser le dos. Un frisson la parcouru à ce contact. Ce geste se voulait rassurant mais, dans cette situation, il était très loin de l'être et Eileen le percevait même comme son total contraire. Mais la mercenaire ne bougeait toujours pas, restant calme.

- Il ne faut jamais être aussi sûr de soit Eileen. Comment vous expliquer ça ...

Après ces parole, elle sentit ses mains se poser sur ses épaule et la reculer légèrement. Son étreinte s'en alla mais son visage ne pouvait pas être plus proche du sien. Il la regardait dans les yeux et Eileen maintenait ce regard persistant. Elle avait l'habitude d'intimider par ses yeux noirs et le regard des gens ne lui faisait pas peur, même lorsqu'elle était en position de faiblesse comme maintenant.


- Il y a quelque chose de formidable dans votre regard, ce noir intense, cette profondeur, ce mystère ... Je ne me lasserai jamais de les regarder, du moins, aussi longtemps que les miens pourront me le permettre. À ce sujet Eileen, que pensez-vous des miens ? Je vous pose sincèrement la question et je vous demande de prendre le temps de me répondre. Regardez les bien comme je regarderai les votre, avec tout autant d'intérêt, je vous en prie.

La question étonna légèrement Eileen mais elle n'en fit rien paraître. Elle le regarda un long moment avec son regard dur, sans rien dire, puis reprit sa voix glaciale.

Je vous avouerez ne plus voir grand chose. Auparavant, je voyais à travers, un noble homme sachant prendre les bonne décisions avec sa bienveillance et ayant du courage. Je pouvais aussi y décerner une lueur d'espoir, une lueur qui me faisait croire que l'homme pouvait être bon, l'espoir d'une personne qui puisse accepter beaucoup de chose. Oui, c'est cela, je voyais de l'espoir. Mais, en cet instant, je ne vois que noirceur.

Eileen s'arrêta à ses mots, ne bougeant point et en continuant de le fixer, sans fléchir.